• Paysage

    Un pays de moyenne montagne

    A l’ouest, du sud au nord, La Chapelle-en-Lafaye, Montarcher puis Gumières délimitent la frontière avec le Puy de Dôme. A l’est, Saint-Georges-Hauteville et Boisset-Saint-Priest bordent la Plaine du Forez où s’écoule, paisible la Loire. En partant de la plaine à 400m d’altitude, 800m de dénivelé seront nécessaires pour atteindre les plateaux.

    Paysage vu du sommet de Montarcher

    Côté forézien la montagne commence par un “pays coupé”, celui des premiers versants qui portent, à leur pied, des vignes. Une fois défriché, il a souvent fallu construire des terrasses tôt abandonnées. La lande à genêt, les taillis, y alternent avec des reboisements. Les vallons sont coupés par de petits ruisseaux : Laval, du Mont...

    Passé ce contact les grosses bosses d’amples collines séparent des vallées évasées. Le paysage est alors celui de la moyenne montagne, autrefois très labourée, aujourd’hui presque toute emprayée, où les troupeaux de bovins  (montbéliardes, mais aussi aubrac ou salers) concurrencent les pies noires.....

    Boisset-Saint-Priest

     Plus haut (ce sont les plateaux) la forêt, déjà présente, forme une barrière continue. Les sommets alternent avec de profondes vallées. Cette zone riche en sagnes et tourbières représente un réservoir hydrologique important.

    Les aventures magmatiques du Forez

    Le granite du Forez

    Le granite ou plutôt les granites affleurent abondamment partout. Ils appartiennent au massif granitique du Velay, qui s’étend sur plus de 7 000 km2 soit 125 km du nord au sud et 80km d’est en ouest. Il culmine dans les Monts du Forez à Pierre sur Haute à 1634 m. Ce granite d’anatexie (ana : en haut, texis : fusion) présente deux faciès :

    - granite sombre à grain moyen et biotite abondante (mica noir), quartz, plagioclase, feldspath potassique abondant, apatite,  cordiérite en prismes et nodules.

    - granite clair à biotite quasi-absente et gros nodules verts de cordiérite, quartz, plagioclase, feldspath potassique, sphène. La carrière de granite de Montarcher, exploitée jusqu’en 1970, fournit un bel exemple de granite clair. Ce granite a cristallisé il y a environ 300MA, à la fin de l’ère primaire.

      De nombreux filons de granites tardifs (270MA) se sont ensuite installés dans le complexe, dont ils marquent la fin de l’épisode magmatique. Ces granites sont également recoupés de filons de quartz (parfois minéralisés: Uranium, Barytine). Le Puy Blanc sur Soleymieux, en est un bel exemple.

    A l’ère secondaire, pendant plus de 200MA les sommets seront peu à peu arasés jusqu’à devenir une pénéplaine. Ainsi, un jour, les granites se sont retrouvés à la surface, subissant les affres des climats tropicaux secs ou humides, selon l’époque.

     Les chirats ou chiers

    Ce terme local désigne des nappes de blocs de bonne taille, souvent plus d'un mètre, établies vers les sommets. Quelques unes de ces coulées atteignent plusieurs kilomètres de longueur. La plupart des chirats restent assez dénudés. Les blocs de gneiss portent lichens et mousse, et entre eux poussent çà et là des plantes à fleurs disséminées : Aconit nappel, grand Epilobe.

    Ces formations ont donné naissance à diverses légendes : le chirat de Montarcher était considéré comme les ruines d'une Babylone disparue, ou bien à Boisset-Saint-Priest, le rocher de Peyrhaute était supposé être des morceaux du Paradis échappés du tablier de la Vierge.

    La plupart de nos chirats résultent de l'action de la dernière glaciation terminée, il y a 10 000 ans. Notre région se situait au dessous des glaciers, dans un secteur glacionival et périglaciaire supérieur. Le gel et le dégel déchaussaient des blocs anguleux, mais la température restait trop basse pour qu'il se forme beaucoup d'arènes.

    Rocher de Peyrhaute, Boisset-Saint-Priest

     Le basalte ou les volcans dispersés du Forez

    Il y a 65MA, commence l’ère tertiaire, une période de rajeunissement pour le Massif Central, et par conséquent pour les Monts du Forez. Les Alpes vont se former et en liaison plus ou moins directe avec cette nouvelle chaîne, la partie orientale du Massif central va se caractériser par un bombement de sa partie profonde, cette tumeur, très localisée, voit son sommet situé précisément sous le Forez. Sa croissance s’est accompagnée d’une fracturation progressive des couches superficielles, qui se sont disloquées suivant un réseau de failles nord-sud. Certains panneaux se sont affaissés, engendrant des grabbens, telle la Plaine du Forez, alors que d’autres se sont élevés, formant des horsts, tels les Monts du Forez. C’est alors qu’est né ce relief en “touches de piano” si caractéristique de notre pays.

    Basalte, Saint-Jean-Soleymieux

    Les bouleversements tectoniques alpins sont, en outre, responsables des éruptions volcaniques. Il y a environ 20MA, sous un climat subtropical, des  coulées volcaniques embrasaient les nuits foréziennes de multiples feux rougeoyants.

    La croûte continentale dans la région du Forez n’est épaisse que de 26 à 27km au lieu des 30 à 35 habituels dans les continents. Le magma, moins dense que son environnement solide a tendance à remonter vers la surface par un système de fractures.

    Lorsque vous sillonnez la plaine et les monts du Forez, vous rencontrez au détour d’une route, un petit monticule volcanique, une ancienne carrière ou bien quelques roches à débit en orgues. Rien de sensationnel semble-t-il… et pourtant c’est dans une centaine de lieux différents du Forez que la lave a surgi.

     

    Montsupt, butte volcanique la plus récente du Forez, 12,3 millions d’années 

     En Forez, le volcanisme fut parfois explosif. On ne retrouve malheureusement pas de bombes, ces paquets de lave éjectés et retombés sur les flancs des volcans car l’érosion est passée par là. Le plus souvent, la lave est restée dans la cheminée (neck), mais elle a pu aussi s’insinuer en un long filon (dyke). Notre territoire possède un bon nombre de ces édifices : à Saint-Georges-Hauteville, la carrière de Montclaret qui fonctionne encore, montre un très beau dyke,  au Montsupt, ou encore à Lavieu, des necks sont encore visibles, qui sont à l’origine de calvaires ou de chapelles. Plus au sud, l’ancienne carrière de Chenereilles d’où le point de vue sur la plaine est magnifique. La roche est du basalte, pauvre en silice, riche en fer et en magnésium.

    Les granites, très souvent exploités ont servi à la construction des maisons, châteaux, églises… mais aussi des pavés des grandes villes. Il a donc été une source de richesse pour le Forez. De même, le basalte, une fois concassé sert pour les routes et les voies ferrées.

    Hydrographie

     

    Cascade, Boisset-Saint-Priest

    Une autre conséquence importante de cette histoire géologique est la structure de notre réseau hydrographique. Sur le plateau au dessus de   1 000m d’altitude, l’Andrable, mais aussi le Chandieu adoptent un écoulement nord-sud conforme à la fracturation citée lors de l’ère tertiaire.

    A partir de 900m les cours d’eau (La Mare, La Curaize…) s’écoulent suivant une direction sud-ouest/nord-est, qui est elle aussi caractéristique de la fracturation subie au cours de l’ère tertiaire. Les vallées sont donc synonymes de failles. Cette structure associée au granite, relativement imperméable semble responsable de la relative abondance des eaux de surface, de sources, et de zones de marais.

     

    La Mare

    Enfin c’est ce modelé qui va être déterminant pour l’ensemble de la végétation, puis de la faune. Il est à l’origine de l’ensemble de notre patrimoine naturel.


  • Commentaires

    1
    dimitri42600
    Dimanche 17 Février 2019 à 12:08

    Bonjour Triskel42,

    merci pour ces explications très intéressantes sur notre patrimoine.

    Particulièrement les explications sur l'église de Boisset et Sainte Jucondine qui apporte des éléments à ma connaissance puisque on en vient tout juste de ce matin à laquelle on est allé à la messe de 9h.

    On voit bien la statue de Sainte Jucondine dans la partie droite de l'église tout devant au-dessus de l'autel, avec une petite explication historique de la tradition de Sainte Jucondine et de la Fête-Dieu et des enfants au mois de juin avec les invocations à la préservation de la santé et la guérison ; fort bien intéressant ! D'autant plus que l'église possède toujours des reliques et que des miracles de guérison se sont produit suite à des demandes d'intercession de la sainte après en avoir discuté avec des dames de Boisset.

    L'explication aussi sur l'hydrogaphie locale est bien aussi pour les précisions que j'avais déjà sur le type de géographie hydrique du Forez, terre de plaine et de montagne ; on se croirait dans le Seigneur des Anneaux ! ; le Forez est une belle terre ancestrale, authentique, nature !

    Merci encore pour cette belle contribution.

    Dimitri42600

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