• La commune de Boisset-Saint-Priest s’est installée sur les premières hauteurs des Monts du Forez. Les ravins escarpés de la vallée de la Mare servent de frontière au sud-ouest. Un étroit plateau dominant la plaine de Forez se déroule en pente douce jusqu’aux bois de Bazourges. Ces coteaux exposés sud-est furent exploités très tôt pour la culture de la vigne dont il ne subsiste que quelques parcelles.

     

    L’histoire de la commune semble commencer dans l’Antiquité avec la découverte récente de fragments de tegulae, de céramique et de fragments de meules à bras.

    Boisset fut érigé en paroisse dès le XIII° siècle, mais depuis le XV° siècle, son église, sous le vocable de sainte Jucondine, était annexée à celle de Saint-Priest.

    Ancienne église de Boisset au XIX° siècle par Ogier 

    Saint-Priest-en-Rousset, est cité au XIII° siècle et la paroisse est sous le vocable de Saint-Priest, évêque de Clermont de 666 à 674.

    Avant la Révolution, le plus important des deux villages était Saint-Priest. Lors de la division territoriale de la France après la révolution de 1789, les deux villages de Boisset et de Saint-Priest furent réunis pour ne former qu’une seule commune.

    Le siège de la paroisse avait été fixé à Boisset et y restera jusqu’en 1804, lorsque le siège de la paroisse transporté à Saint-Priest. Finalement, en octobre 1846, Boisset fut à son tour érigé en succursale indépendante.

    Village de Boisset

    Boisset-Saint-Priest est une commune où tout va par deux. Les villages de Boisset et de Saint-Priest possèdent chacun leur église, leur presbytère, leur école, leur cimetière, leur monument aux morts, leur bureau de vote.

    Village de Saint-Priest

    La Mare, seule rivière de la commune, a fait tourné au cours des siècles 6 moulins à farine, 2 mailleries et 2 pressoirs à colza, dont il ne reste que des ruines.

     

    Moulin de Peyrhaute

    Monuments

    Eglise Sainte Jucondine

    La nouvelle église, érigée en 1870, remplaça l’ancienne, considérée comme trop petite et en mauvais état. De style gothique, à une nef, avec clocher sur la façade, elle est l’oeuvre de l’architecte Favrot, l’auteur du Palais de justice de Saint-Etienne.

    Depuis 1703, l’église renferme les reliques de sainte Jucondine. La jeune vierge était spécialement honorée par les enfants, au cours d’un pèlerinage annuel, au moment de la fête de la Sainte Trinité, afin de demander sa protection et plus particulièrement pour ceux ayant des difficultés à marcher.

     

    Ancienne église de Boisset 

    Boisset fut érigé en paroisse dès 1225, mais au XV° siècle, elle est annexée à celle de Saint-Priest.  Sous le vocable de Notre-Dame dès sa fondation, l’arrivée, des reliques de Saint-Jucondine, confira le patronage à cette sainte.

    Vestige de peintures

     L’ancienne église, de dimensions assez restreintes, comprenait une nef flanquée de deux chapelles au-dessus desquelles régnait une tribune. Le clocher était du XV° siècle. Sa tour carrée s’élevait à gauche de la façade au-dessus de la première chapelle latérale. Son étage supérieur était percé de deux baies ogivales. Les familles Baraillon, au XVII° siècle, puis la famille Pierrefeu, au XVIII° siècle, avaient un tombeau dans l’église Notre-Dame de Boisset. Elle était située face à la nouvelle église. Il n’en subsiste qu’une chapelle latérale et quelques pans de mur dans les combles de la salle communale dont certain ont conservé des peintures.

    Eglise de Saint-Priest

     L’église de Saint-Priest-en-Rousset est cité au XI° siècle. La paroisse est sous le vocable de Saint-Priest, évêque de Clermont de 666 à 674.

    L’église est un bâtiment, de petites dimensions, constituée d’une nef unique voûtée en berceau, datée du XII° siècle. Elle a été agrandie au XV° siècle par l’ ajout d’un transept et de deux minuscules chapelles latérales, l’abside fut agrandie et prolongée d’une pièce à usage de sacristie. Un clocher carré parachève l’ensemble. Il a été bâti en deux étapes et diminué de 6 à 4 pans, à la fin du XIX° siècle. A l’étage s’ouvrent deux baies ogivales. On pénètre à l’intérieur de l’église par un portail latéral, son arc est en plein cintre, ouvragé de nervures refouillées, aucune autre décoration. A droite de la porte, à l’extérieur, se trouve un bénitier de pierre.

      

    Les hameaux

    Centre de vie de la commune jusqu’en 1900, le hameau de Fontvial est cité dès 1259. En 1394, on trouve la mention d’un hospicium. Deux bâtiments conservent des éléments du XVI° siècle.

     

    A Lucenol, se situent quelques remplois notamment un abattant de fenêtre

     

    Une fois à l’intérieur, on est frappé par la hauteur de la nef. En effet, le niveau des dalles est inférieur à celui de la place qui entoure l’édifice, ce qui donne une élévation à la voûte d’autant plus impressionnante que l’arcature est assez fermée. Sur les murs de côté, on voit des arcs appliqués en plein cintre. A noter les croisées d’ogive des plafonds des minuscules chapelles latérales, qui sont d’inspiration gothique. Celle de droite, côté place, est plus profonde. Celle de gauche est dédiée à Saint-Roch invoqué dans les épidémies de peste. Le chœur est orné d’un autel surmonté de colonnes. Le style est très baroque et contraste avec la simplicité du reste de la construction.

     

     Croix de mission

    Edifiée à l’entrée du cimetière de Saint-Priest, cette croix fut érigée par le curé Claude-Siméon Lebon en 1872 et restaurée en souvenir de la mission de 1951.

     Moulin à traction animale

    Croix du Rampan

    L’origine de cette croix et de son nom (Rapan, Rampan, Rapeau)  est assez obscure. Deux histoires sont évoquées :

    -la croix aurait été érigée pour des pèlerinages en période de peste.

    -un soldat mourant aurait rampé (rampant) jusqu’au sommet de la butte en promettant d’érigée une croix si Dieu le sauvait. Miraculeusement rétablit, il fit installée la croix.

    L’hypothèse la plus probable, est la dérivation du mot Rameau, en Rapeau puis Rapan. La croix serait donc un lieu de pèlerinage pour le dimanche des Rameaux.

     

    Sanctuaire sainte Jucondine

    Edifié en 1959, en l’honneur de la sainte patronne de la paroisse, ce sanctuaire est partiellement construit avec des éléments de l’autel de l’ancienne église.

     

    Puits-étang

    Le hameau des Baraillons est cité dès 1470. Le domaine appartient déjà à la famille du même nom qui en restera propriétaire jusqu’en 1704, où par mariage, cette maison bourgeoise

    Malgré la richesse du réseau hydraulique de notre région, certains villages, installés dans des terres plus arides, ont choisit un autre système pour transformer en huile leur production de colza : le cheval. Deux huilerie fonctionnait dans le canton, une à Boisset-Saint-Priest et une à Chenereille. Ce qui restait de la serrée de colza, le maton, était donnée aux bêtes comme nourriture.

    Héritage de l’antique mola olearia, servant à écraser les noix ou les olives dans le bassin méditerranéen, le moulin à sang des Varats est d’une technologie plus moderne, fonctionnant sur le même principe que ces lointains ancêtres.

    De 1900 à 1955, les habitants de Chenereilles, Boisset, Dicles, Marols venaient faire écraser le colza, les noix, au moulin de Chenereille. Celui de Fontvial, commune de Boisset-Saint-Priest, fonctionna à la même période mais, contrairement au précédent, il est en état de fonctionnement, mais uniquement pour les journées du patrimoine.

    Le cheval entraînait la meule de pierre qui écrasait les graines de colza. L’homme tournait une roue qui actionnait la presse à bras afin d’extraire l’huile des matons. Le rapport entre la roue et la vis de la presse est démultiplié par l’ensemble des engrenages afin de faciliter le travail et augmenter la pression.


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  • Un pays de moyenne montagne

    A l’ouest, du sud au nord, La Chapelle-en-Lafaye, Montarcher puis Gumières délimitent la frontière avec le Puy de Dôme. A l’est, Saint-Georges-Hauteville et Boisset-Saint-Priest bordent la Plaine du Forez où s’écoule, paisible la Loire. En partant de la plaine à 400m d’altitude, 800m de dénivelé seront nécessaires pour atteindre les plateaux.

    Paysage vu du sommet de Montarcher

    Côté forézien la montagne commence par un “pays coupé”, celui des premiers versants qui portent, à leur pied, des vignes. Une fois défriché, il a souvent fallu construire des terrasses tôt abandonnées. La lande à genêt, les taillis, y alternent avec des reboisements. Les vallons sont coupés par de petits ruisseaux : Laval, du Mont...

    Passé ce contact les grosses bosses d’amples collines séparent des vallées évasées. Le paysage est alors celui de la moyenne montagne, autrefois très labourée, aujourd’hui presque toute emprayée, où les troupeaux de bovins  (montbéliardes, mais aussi aubrac ou salers) concurrencent les pies noires.....

    Boisset-Saint-Priest

     Plus haut (ce sont les plateaux) la forêt, déjà présente, forme une barrière continue. Les sommets alternent avec de profondes vallées. Cette zone riche en sagnes et tourbières représente un réservoir hydrologique important.

    Les aventures magmatiques du Forez

    Le granite du Forez

    Le granite ou plutôt les granites affleurent abondamment partout. Ils appartiennent au massif granitique du Velay, qui s’étend sur plus de 7 000 km2 soit 125 km du nord au sud et 80km d’est en ouest. Il culmine dans les Monts du Forez à Pierre sur Haute à 1634 m. Ce granite d’anatexie (ana : en haut, texis : fusion) présente deux faciès :

    - granite sombre à grain moyen et biotite abondante (mica noir), quartz, plagioclase, feldspath potassique abondant, apatite,  cordiérite en prismes et nodules.

    - granite clair à biotite quasi-absente et gros nodules verts de cordiérite, quartz, plagioclase, feldspath potassique, sphène. La carrière de granite de Montarcher, exploitée jusqu’en 1970, fournit un bel exemple de granite clair. Ce granite a cristallisé il y a environ 300MA, à la fin de l’ère primaire.

      De nombreux filons de granites tardifs (270MA) se sont ensuite installés dans le complexe, dont ils marquent la fin de l’épisode magmatique. Ces granites sont également recoupés de filons de quartz (parfois minéralisés: Uranium, Barytine). Le Puy Blanc sur Soleymieux, en est un bel exemple.

    A l’ère secondaire, pendant plus de 200MA les sommets seront peu à peu arasés jusqu’à devenir une pénéplaine. Ainsi, un jour, les granites se sont retrouvés à la surface, subissant les affres des climats tropicaux secs ou humides, selon l’époque.

     Les chirats ou chiers

    Ce terme local désigne des nappes de blocs de bonne taille, souvent plus d'un mètre, établies vers les sommets. Quelques unes de ces coulées atteignent plusieurs kilomètres de longueur. La plupart des chirats restent assez dénudés. Les blocs de gneiss portent lichens et mousse, et entre eux poussent çà et là des plantes à fleurs disséminées : Aconit nappel, grand Epilobe.

    Ces formations ont donné naissance à diverses légendes : le chirat de Montarcher était considéré comme les ruines d'une Babylone disparue, ou bien à Boisset-Saint-Priest, le rocher de Peyrhaute était supposé être des morceaux du Paradis échappés du tablier de la Vierge.

    La plupart de nos chirats résultent de l'action de la dernière glaciation terminée, il y a 10 000 ans. Notre région se situait au dessous des glaciers, dans un secteur glacionival et périglaciaire supérieur. Le gel et le dégel déchaussaient des blocs anguleux, mais la température restait trop basse pour qu'il se forme beaucoup d'arènes.

    Rocher de Peyrhaute, Boisset-Saint-Priest

     Le basalte ou les volcans dispersés du Forez

    Il y a 65MA, commence l’ère tertiaire, une période de rajeunissement pour le Massif Central, et par conséquent pour les Monts du Forez. Les Alpes vont se former et en liaison plus ou moins directe avec cette nouvelle chaîne, la partie orientale du Massif central va se caractériser par un bombement de sa partie profonde, cette tumeur, très localisée, voit son sommet situé précisément sous le Forez. Sa croissance s’est accompagnée d’une fracturation progressive des couches superficielles, qui se sont disloquées suivant un réseau de failles nord-sud. Certains panneaux se sont affaissés, engendrant des grabbens, telle la Plaine du Forez, alors que d’autres se sont élevés, formant des horsts, tels les Monts du Forez. C’est alors qu’est né ce relief en “touches de piano” si caractéristique de notre pays.

    Basalte, Saint-Jean-Soleymieux

    Les bouleversements tectoniques alpins sont, en outre, responsables des éruptions volcaniques. Il y a environ 20MA, sous un climat subtropical, des  coulées volcaniques embrasaient les nuits foréziennes de multiples feux rougeoyants.

    La croûte continentale dans la région du Forez n’est épaisse que de 26 à 27km au lieu des 30 à 35 habituels dans les continents. Le magma, moins dense que son environnement solide a tendance à remonter vers la surface par un système de fractures.

    Lorsque vous sillonnez la plaine et les monts du Forez, vous rencontrez au détour d’une route, un petit monticule volcanique, une ancienne carrière ou bien quelques roches à débit en orgues. Rien de sensationnel semble-t-il… et pourtant c’est dans une centaine de lieux différents du Forez que la lave a surgi.

     

    Montsupt, butte volcanique la plus récente du Forez, 12,3 millions d’années 

     En Forez, le volcanisme fut parfois explosif. On ne retrouve malheureusement pas de bombes, ces paquets de lave éjectés et retombés sur les flancs des volcans car l’érosion est passée par là. Le plus souvent, la lave est restée dans la cheminée (neck), mais elle a pu aussi s’insinuer en un long filon (dyke). Notre territoire possède un bon nombre de ces édifices : à Saint-Georges-Hauteville, la carrière de Montclaret qui fonctionne encore, montre un très beau dyke,  au Montsupt, ou encore à Lavieu, des necks sont encore visibles, qui sont à l’origine de calvaires ou de chapelles. Plus au sud, l’ancienne carrière de Chenereilles d’où le point de vue sur la plaine est magnifique. La roche est du basalte, pauvre en silice, riche en fer et en magnésium.

    Les granites, très souvent exploités ont servi à la construction des maisons, châteaux, églises… mais aussi des pavés des grandes villes. Il a donc été une source de richesse pour le Forez. De même, le basalte, une fois concassé sert pour les routes et les voies ferrées.

    Hydrographie

     

    Cascade, Boisset-Saint-Priest

    Une autre conséquence importante de cette histoire géologique est la structure de notre réseau hydrographique. Sur le plateau au dessus de   1 000m d’altitude, l’Andrable, mais aussi le Chandieu adoptent un écoulement nord-sud conforme à la fracturation citée lors de l’ère tertiaire.

    A partir de 900m les cours d’eau (La Mare, La Curaize…) s’écoulent suivant une direction sud-ouest/nord-est, qui est elle aussi caractéristique de la fracturation subie au cours de l’ère tertiaire. Les vallées sont donc synonymes de failles. Cette structure associée au granite, relativement imperméable semble responsable de la relative abondance des eaux de surface, de sources, et de zones de marais.

     

    La Mare

    Enfin c’est ce modelé qui va être déterminant pour l’ensemble de la végétation, puis de la faune. Il est à l’origine de l’ensemble de notre patrimoine naturel.


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